L’écoquartier « Les Prés »

L’écoquartier « Les prés » devrait s’achever sous peu et ses premiers habitants devraient pouvoir prendre possession de leur logement à la fin de l’été. Nous leur souhaitons. « Les prés » c’est un beau projet d’habitat écologique et participatif sur le plateau des Capucins, le nouveau quartier d’Angers. Celui-là même où se construira le projet Regain d’Anjou, un autre habitat écologique et participatif.

Le Val de Loire, maître d’oeuvre du projet « Les Prés » a réalisé une très belle vidéo de présentation que voici :

Une loi pour l’Habitat Participatif, enfin…

Cécile Duflot a clôturé aujourd’hui les ateliers de travail sur l’habitat participatif qui se sont déroulés le cadre de la préparation du projet de loi urbanisme et logement. Un texte sera présenté au Conseil des ministres en juin 2013.

C’est plutôt une bonne nouvelle et on peut espérer que la simplification de la réglementation sera de nature à favoriser l’éclosion de nombreux projets d’Habitat Participatif.

Vous pourrez lire ci-après le texte publié à ce propos sur le site du ministère de l’égalité des territoires et du logement. Au passage on notera l’inévitable et indécrottable européo-centrisme qui voudrait nous faire croire que l’habitat participatif est né en Europe du Nord et serait donc un truc de démocratie sociale évoluée alors qu’en fait c’est depuis toujours une solution de solidarité au quotidien que nous héritons des sociétés auto-suffisantes et donc considérées comme peu civilisées… Mais il est vrai qu’il n’est pas très porteur de dire que les solutions d’avenir pour nos sociétés en crise, dans de nombreux domaines, nous viennent ou nous viendront des économies du « tiers-monde » ! Voir ou

Cécile Duflot a clôturé jeudi 28 mars les ateliers de travail sur l’habitat participatif, qui se sont déroulés le cadre de la préparation du projet de loi urbanisme et logement. Ce texte sera présenté au Conseil des ministres en juin 2013. Retour sur une nouvelle expérience en matière de logement.

L’habitat participatif (ou habitat groupé) est d’abord apparu dans les pays du Nord de l’Europe. Il désigne de nouvelles situations de logement, dans lesquelles les habitants d’un immeuble neuf ou d’un ensemble de maisons groupées participent en amont à la définition et à la conception de leur logement et des espaces partagés, ainsi qu’à sa gestion quotidienne, une fois installés. Les différents habitants se regroupent pour être les maîtres d’ouvrage de leur logement et en sont ainsi les acteurs essentiels. Selon un recensement de l’Adess (Association pour le développement de l’économie sociale et solidaire), plus de 250 projets d’habitat participatif, composés de 5 à 35 logements, sont déjà construits ou en projet en France.

L’habitat participatif : une nouvelle conception du logement

L’organisation de l’habitat participatif permet une amélioration du cadre de vie, mais aussi un renforcement du lien social. Il est aussi à l’origine d’économies financières, alors que le prix de l’immobilier peut être un obstacle à l’accession à la propriété.

L’habitat participatif est notamment choisi par les personnes âgées, qui ne souhaitent pas vivre seules, par des familles, qui veulent vivre autrement, à travers la mutualisation de certains espaces avec leurs voisins. Ce mode d’habitat permet aussi de trouver des solutions aux problèmes du quotidien, comme le prêt de matériel, de voitures, ou des arrangements pour la garde des enfants.

Assurer une reconnaissance dans la loi urbanisme et logement

Il n’existe cependant pas de reconnaissance officielle de cette troisième voie du logement, à côté du logement privé et du logement social. Ce qui rend les montages juridiques des projets difficiles et incertains. Dans une allocution aux rencontres nationales de l’habitat participatif, qui ont eu lieu à Grenoble en novembre dernier, Cécile Duflot rappelait que « personne ne pouvait ignorer les richesses et les potentialités de ce type d’habitat ».

C’est pour cette raison que la ministre a lancé le 20 novembre 2012 une démarche de réflexion et de concertation en faveur de l’habitat participatif, en vue d’intégrer des dispositions relatives à ce nouveau type d’habitat dans la loi urbanisme et logement. L’ambition de la ministre est double : lever les obstacles et accompagner la dynamique, afin d’assurer une reconnaissance et un développement du secteur, qui sera également sécurisé sur le plan juridique. Un chapitre relatif aux nouvelles formes de propriété et à l’habitat participatif sera ainsi inclus dans cette loi, et prévoira un cadre souple, pour préserver la capacité d’innovation citoyenne.

L’Habitat Participatif, c’est quoi au juste ?

L’excellent Pierre-Yves Jan, co-président d’Eco Habitat groupé et heureux habitant de La Petite Maison à Rennes, qui ne manque jamais une occasion de passer nous saluer à chaque fois qu’il en a l’occasion, a été interrogé lors des dernières Rencontres Nationales de l’Habitat Participatif à Grenoble en Novembre dernier par le magazine Kaizen. Ses réponses aux questions sur l’habitat participatif sont claires et ont le mérite de bien poser le cadre.

Je ne peux donc que vous inciter à regarder la vidéo…

Le week-end jardin se poursuit sous la grisaille

Le printemps est encore un peu balbutiant, c’est sous la grisaille, un peu d’humidité et une relative fraicheur que notre week-end jardin se poursuit.

Deuxième série d’images, où l’on verra que les allées sont démoussées, défeuillées, désherbées bref nettoyées, la butte s’embellit sous une pluie de copeaux, le compost est retourné, nous y avons au passage délogé un joli petit rat qui y passait l’hiver bien au chaud, les arbres sont taillés, les boites aux lettres nettoyées etc etc etc…

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3e série d’images, celles-ci ont été prises par la très talentueuse Marie.

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Itinéraires d’Habitat Participatif

Alors que nous fêtons cette année les 30 ans de notre association « Pour un Habitat Différent« , nous nous réjouissons de voir qu’un peu partout en France fleurissent des projets d’Habitat Participatif. Nombreux sont celles et ceux qui viennent ici, à Angers voir comment nous vivons, comment nous nous en sortons avec ce drôle de projet de vivre ensemble et chacun chez soi. Et si pour nous c’est maintenant une évidence, ça ne l’est pas a priori, les questions parfois incrédules de nos visiteurs en témoignent.

Mais il faut bien le dire, les candidats à l’Habitat Participatif s’engagent dans un projet long… Long à mettre en oeuvre, long à faire aboutir et enfin long (le plus long possible) à vivre. Il est donc semé d’embuches de toutes sortes le parcours qui mène à la vie dont on a rêvé, des embuches qui évoluent au fur et à mesure de la construction de ce projet.

Notre projet est parvenu au bout de toutes les embuches initiales et s’est concrétisé, il y a toujours des hauts et des bas et rien n’est jamais acquis mais depuis trente ans maintenant nous sommes là et bien là.

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Nous sommes donc perçus par certains candidats à l’Habitat Participatif comme un élément de référence qui leur permet de vérifier grandeur nature le bien-fondé de leurs aspirations. Nous essayons d’aider en recevant les groupes qui nous le demandent, parfois également en allant témoigner au gré des formations, tables rondes, ou autres conventions qui nous invitent. Certains aimeraient que nous fussions plus actifs, d’autres moins c’est selon…

Une chose est certaine, nous essayons d’être attentifs à celles et ceux qui sont venus nous voir et aux autres aussi d’ailleurs. Les échecs ou abandons nous désolent, les réussites nous enthousiasment.

Et à ce titre, nous devons aujourd’hui regretter que Cohabitoit, un groupe angevin, jette l’éponge en ce mois de Mars 2013. Voici ce qu’il disent sur leur blog, l’ensemble de l’article est à lire :

 

vendredi 22 mars 2013

Fin de l’aventure

 (…)

LES ENSEIGNEMENTS

AVERTISSEMENT : Cette liste correspond aux différents avis émis par des membres du groupe, sans qu’ils fassent forcément consensus, où que chacun y mette le même poids.
Les points forts
·         Le soutien politique du maire d’Écouflant, initiateur du projet
·         L’accompagnement par Anne-Claire Chiron d’Alisée
·         Toute la réflexion sur une nouvelle façon d’habiter (connaître ses voisins, mutualiser des espaces et des moyens, mixités,…)
·         Les valeurs partagées
·         La méthode de travail du groupe favorisant l’écoute (absence de contre)
·         Dès 2011, 7 ménages ont la constance de travailler à faire avancer la réalisation du projet. Seulement 3 autres ménages accédants ou locataires-accédants auraient été nécessaires pour la faisabilité du projet)
·         La ZAC de Provins disposera d’une chaufferie collective à bois et doit être desservie par la ligne B du tram
Les points faibles
·         Le manque de considération de la part de la SODEMEL : par exemple, aucun écrit en 3 ans
·         L’usure par la durée et la difficulté à agrandir le groupe
·         La difficulté à vivre les valeurs du groupe au quotidien
·         Le manque de temps de réunion pour Cohabitoit formé de personnes prenant sur leur temps personnel
·         Un montage où l’accompagnateur est dépendant de l’aménageur
·         Accompagnement réduit à partir de l’été 2011 car le 1er financement est consommé et la demande d’un financement suivant n’a pas de réponse pendant de longs mois.
·         L’accompagnateur a une compétence encore à acquérir dans certains domaines.
·         La mixité sociale chère au groupe et présente dans le montage d’accédants, locataires-accédants et locataires était un choix moins facile qu’un montage en accession.
·         L’arrivée sur la ZAC de la ligne B du tram prévue au début du projet, semble moins sûre au fil de 2012.
Les causes de l’échec
·      Le rapport de force inégal du groupe par rapport au bailleur qui n’a jamais signé la convention de partenariat pour finalement se désengager, plus soucieux de pratiques immobilières classiques que de répondre à notre particularité d’habitat groupé et participatif
·      L’incompréhension de la nature du projet par l’aménageur, qui s’est notamment traduit par une faible collaboration : absence de concertation avec l’urbaniste de la ZAC, manque de réunions de coordination avec les acteurs du projet.
·      L’absence de collaboration avec des acteurs-clés : architecture-urbaniste de la ZAC, CAUE
·      La difficulté d’être simple citoyen ayant un projet collectif, pertinent mais prématuré. La crise économique rend difficile les opérations à monter. Les acteurs partenaires du projet engagés dans une nouvelle urbanisation, ne reculent-ils pas sur leurs intentions que ce projet illustrait ? 
·      L’habitat groupé et participatif est, avant la loi à venir sur le logement, une tâche de pionnier : pour ce projet, les points forts de tous les acteurs (notamment l’implication de la mairie et de l’accompagnateur) n’ont pas réussi à se rencontrer pour aboutir
·      Le prix trop élevé du foncier
·      Les changements successifs de terrain dont la superficie du dernier proposé ne permettant pas l’intéressement d’un bailleur et compromettait notre projet
·      Des désaccords dans le groupe
Ce qu’on en retient
·      Les valeurs définies dans le projet
·      L’envie d’habiter dans un endroit où on connaît des gens
·      La méthode de travail : décision par absence de contre
·      Le gain d’échanger nos expériences entre groupes d’habitat participatif
·             La réflexion sur comment habiter avec les mixités nécessaires
·      Une meilleure connaissance du rôle des différents partenaires d’un projet immobilier, des conséquences des choix d’urbanisation, de la construction écologique, et bien d’autres choses encore !
ET MAINTENANT ?
Les membres du groupe gardent l’envie de cohabitat. Tous sont prêts à s’impliquer dans de nouveaux projets, à court ou moyen terme.

 

Témoignage riche dont la lecture est indispensable mais c’est ce qui est écrit après « Et maintenant ? » qui est le plus important, forts de leur expérience au sein de cohabitoit, ils reviendront pour réussir n’en doutons pas !

 

Un peu plus dans l’Ouest, du côté de Saint Nolff, en Bretagne sud, les Voisins Volontaires poursuivent eux leur chemin vers l’Habitat Participatif. Une série de portrait de ces voisins volontaires a été tournée par Les Passeurs d’Images, en voici un extrait :

 

 

Puisse ce projet arriver à son terme et connaître des jours meilleurs que celui de nos amis de Cohabitoit. Et quoiqu’il arrive, nous serons toujours à leurs côtés, ne serait-ce que par la pensée…

Le week-end jardin démarre sous le soleil

Le printemps dont nous désespérions de voir la couleur est enfin arrivé juste pour notre week-end jardin. Pourvu que cela dure jusqu’à dimanche soir.

Les premières images sont disponibles… Où l’on pourra voir que la « petitparterrisation » gagne progressivement du terrain, que les outils utilisés sont à la pointe de la technologie, que le désherbage de la butte est au jardinier d’Habitat Différent ce que la pierre qui roule est à Sisyphe, que la rotation du compost est en cours et qu’enfin les joubarbes qui poussent sur ma souche se portent à merveille, on pourra venir me flatter la souche tous les jours après 19h00, sur rendez-vous…

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Habitat solidaire, des collectivités locales à l’œuvre

Le RTES, Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire a organisé le 13 février dernier une formation à Angers ayant pour thème : Habitat solidaire, des collectivités locales à l’œuvre

Nous avons été sollicités pour présenter Habitat Différent lors de cette formation à destination des élus et des cadres des collectivités territoriales. Christian et Claire s’y sont collés.

Vous pourrez lire ci-après le compte-rendu de cette journée de formation.

Week-end jardin, et oui c’est le printemps !

Voilà revenu le printemps !

Certes, la météo actuelle pourrait nous faire douter. Pour autant, ce week-end est un week-end jardin ! En voici les réjouissances…

Vivre en Habitat Participatif, de Pascal Greboval

Demain, le 21 Mars, sortira en librairie le livre « Vivre en Habitat Participatif » aux Editions Alternatives un livre de Pascal Greboval, un auteur photographe spécialiste des sujets liés à l’écologie en général. Pour mieux connaître son travail : son site professionnel , mais également son blog , enfin une interview sur le site « Terre Vivante » à lire là.

Vivre en Habitat Participatif

L’Habitat Groupé une alternative à la maison de retraite (3)

Nos amies les Babayagas viennent d’emménager dans leur maison à Montreuil, et nous en sommes très heureux. Je dis nos amies car Thérèse Clerc était venue il y a quelques années partager nos débats lorsque nous avions organisé des tables rondes thématiques à l’occasion du 20e anniversaire de notre emménagement à Habitat Différent et qu’évidemment, nous nous sentons partager une vraie communauté de destin avec les Babayagas.

Que de chemin parcouru depuis l’idée du projet, la première pierre et aujourd’hui l’installation. Ce projet force l’admiration bien sûr et sa portée est de mon point de vue bien plus universelle qu’elle n’y paraît au premier abord, Thérèse ne dit-elle pas d’ailleurs : « Mais pourquoi cette utopie humaniste serait-elle seulement l’apanage des vieux ? Serions-nous l’avant-garde éclairée ? »

Je ne peux m’empêcher de penser au projet que porte aujourd’hui Chantal Ollivault et ses compagnons de route : Regain d’Anjou. Projet d’habitat participatif, écologique, autogéré, intergénérationnel et solidaire, projet exigeant et difficile à porter, mais qui ici encore a une portée bien plus universelle que ne l’imagine peut-être ses acteurs car il montre le chemin d’une nouvelle solidarité qui se construit à partir du lieu de vie et qui préfigure une société de demain où le bien vivre ne sera plus jamais sacrifié sur l’autel de la rentabilité économique.

Chantal Ollivault, Regain d'Anjou

Alors, pour éprouver un peu cette affirmation que je réitère pour la 3e fois sur ce blog, « l’Habitat Groupé une alternative à la maison de retraite », peut-être nous faut-il regarder de l’autre côté de l’atlantique pour voir ce qu’il s’y passe.

L’excellente revue en ligne STRABIC a publié sur le sujet, en comparant avec la situation en France, un article de  Thomas Richou, merci à lui, son travail est remarquable, vous pourrez le retrouver en cliquant et je vous invite à aller parcourir cette revue en tout point excellente et fort bien écrite.

L’article est cité dans son intégralité ci-après tant il me paraissait dommage de n’en citer que quelques courts extraits ce qui aurait dénaturé le propos de l’auteur. Et comme les responsables de la revue ont eu la bonne idée de publier sous licence « Creativ Commons« …

Granny City

Que peut vous inspirer la Floride ? Le soleil et la plage à n’en pas douter… Tony Montana pour les cinéphiles… peut-être la chirurgie esthétique et un serial killer samaritain pour les sériephiles… des fraudes pendant les élections présidentielles… ou le lancement des navettes spatiales de la NASA… mais la Floride évoque aussi à plus d’un titre le troisième âge, ou comme les appellent les Américains les « vieux actifs » (Young Old).

La Floride est aujourd’hui l’État américain qui accueille le plus de retraités. Les 65 ans et plus représentent plus de 17 % de la population. Le soleil reste une bonne vertu pour les âmes en fin de vie. Même si les États-Unis sont un peu le paradigme du melting pot, il n’en reste pas moins qu’ils sont extrêmement sectorisés, pour ne pas dire ségrégués. Preuve en est le succès des gated communities, où l’on côtoie généralement des voisins liés par un même idéal, qu’il soit social, ethnique ou passionnel.

La Floride voit croître une nouvelle typologie résidentielle, le senior neighborhood (littéralement « la communauté de personnes âgées »), d’où son surnom de « God’s Waiting Room ».

© Farner Barlley and Associates

Du camping de vieux au Manhattan de retraités

« Les vieux, un bon business ». Telle a dû être la pensée de M. Schwartz lorsqu’il revint de Sun City en Arizona après une visite familiale de courtoisie. Il y découvre une ville où la moyenne d’âge est d’environ 75 ans, autogérée par ses habitants, sans écoles ni enfants. Le paradis de la naphtaline et du tweed.

Sun City

De retour dans sa rayonnante Floride, il décide, avec l’aide de son fils Gary Morse, de transformer son parc de mobile homes en super quartier pour septuagénaires. L’une des forces de Sun City a été l’intégration d’équipements et d’activités propres à l’âge de la communauté. À défaut de créer un ghetto pour retraités dépendant de la ville, Sun City s’est constituée comme une entité indépendante, véritable enclave autosuffisante.

En intégrant les préceptes du désert arizonien dans un état propice au regroupement d’anciens, The Villages deviennent l’exemple urbain cathartique de cette explosion des Active Adult Communities.

Actuellement, la communauté regroupe une cinquantaine de villages disséminés sur une surface équivalente à deux fois celle de Manhattan, pour un total d’environ 81 000 habitants (avec une capacité maximale de 105 000 personnes d’ici 2017). Le plus grand site de vieux au mètre carré au monde 1.

La théorie du polo

© DirectHomes.com

L’idée est de créer des villages pour une communauté urbaine homogène fondée sur le même étalon : la maison individuelle. Du fait de l’âge avancé des habitants, les typologies d’habitat ne dépassent pas le plain-pied.

The Villages ne ressemblent à rien d’autre qu’une typique banlieue américaine où l’ensemble se fond dans un urbanisme rampant. De même que le style vestimentaire de nos bons occupants. Pourtant une chose frappera l’œil du spécialiste de vues satellites et de curiosités urbaines : le nombre de greens au kilomètre carré.

© Peanut Butter Fingers

La communauté est fondée sur le bien-être de ses habitants grâce aux activités proposées. À l’image d’un campus universitaire avec ses clubs d’échecs, ses équipes de sport, The Villages vont proposer foule de choses à faire pour nos têtes grises. L’activité numéro un est le golf. Véritable style de vie, il conditionne aussi bien l’architecture individuelle, par l’adjonction d’une mini-porte de garage à côté de celle de la voiture, que l’espace routier, où des voies sont prévues pour les golfettes. Dans un tel contexte, pas étonnant que le polo soit de rigueur.

Des « centres-villes » viennent centraliser l’offre de loisirs au sein des villages. Le but est de ne pas laisser nos adultes hyperactifs s’ennuyer. La culture américaine a produit une population dépendante au travail, culpabilisant de prendre des vacances, tout en sachant que celles-ci sont nécessaires à une bonne hygiène de vie. Dans un but commercial, The Villages promeuvent l’idée de vacances régénératrices tout en déculpabilisant le retraité par les habitudes, l’organisation et la structure du travail en loisirs 2. « An active new way of life », comme le préconisait déjà Del Webb, le promoteur fondateur de Sun City.

Un Disneyland pour grands-parents

La création d’une communauté telle que celle-ci s’est faite ex nihilo.

D’un terrain sans histoire particulière émerge une société homogène. Afin de solidifier le ciment social au sein d’un environnement neutre, The Villages vont faire de l’urbain comme Walt Disney faisait de l’entertainment. Un soupçon de sucre et de fausse réalité pour créer une histoire. The Villages ne sont finalement qu’un immense parc à thème, un Disneyland à vioques. On infantilise nos aînés comme on peut le faire avec nos têtes blondes, de 7 à 77 ans.

Mark, architecte en chef, dessine The Villages comme le parc d’Universal Studios à Orlando, en y racontant des histoires. Ici The Villages ont également des noms enchanteurs, Brownwood, Spanish Springs, Sumter Landing… Les plaques commémoratives disposées çà et là ne racontent que des histoires fictives, comme ce bateau à moitié coulé (visible sur la gauche de la vidéo à 2’07) n’est là que pour apporter un semblant de réalité et d’historicité.

Après un « monde enfantin surgelé » 3, le monde des ganaches sous cloches. Dans The Villages, à l’instar de Disneyland, « se dessine le profil objectif de l’Amérique, jusque dans la morphologie des individus et de la foule » 4. Mais, si « Disneyland est là pour cacher que c’est le pays qui est réel, toute l’Amérique réelle qui est Disneyland (un peu comme les prisons sont là pour cacher que c’est le social tout entier, dans son omniprésence banale qui est carcérale) » 5, The Villages comme à chaque fois nous montrent des vieux qui veulent rester des actifs. Serait-ce le signe d’une société qui ne voudrait pas vieillir ?

© Ty Giesemann

De notre côté de l’Atlantique, la comparaison offre un contraste extrêmement frappant : les personnes âgées vont en maisons de retraites, ou en EHPAD (Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes). La réalité est celle d’un lieu médicalisé. Pas de cheerleaders aux cheveux gris dans les halls ou de petite maison avec son jardin. Les programmes d’EHPAD sont clairement ceux d’hôpitaux en modèle réduit et l’ensemble du personnel est assujetti à la blouse blanche. L’EHPAD est l’antichambre de la mise en terre. Alors que les communautés d’Adult Actives proposent aux personnes de venir s’installer à partir de 55 ans, il est plus rare d’être en maison de retraite à cet âge-là. La moyenne d’âge en EHPAD est de 84 ans et 9 mois alors qu’elle est de 75 ans dans The Villages (comme à Sun City) ; les moins de 75 ans ne représentent que 14 % de la population des EHPAD. Si aux États-Unis les personnes ont tendance à déménager facilement, pour une raison ou une autre, les Français préfèrent rester le plus longtemps chez eux, jusqu’à la nécessité d’être en maison de repos. Question de culture.

D’autres formes d’habitat réapparaissent en parallèle des EHPAD, tels les béguinages. Historiquement, il s’agissait de communautés de religieuses disséminées en Flandre. C’est aujourd’hui un ensemble de logements regroupés autour d’une cour commune. Appartenant au parc HLM, les logements (de petites maisons) sont infiniment plus abordables qu’en maison de retraite et offrent plus d’intimité. Le principe se développe particulièrement dans le Nord de la France.

On reste cependant à mille lieux des équivalents américains. Pourtant cette cure de jouvence dont s’abreuvent les habitants dans The Villages ne paraît finalement pas si puérile. Chacun a le droit à sa dose de fun. Si nos grands-parents veulent retrouver cet esprit de jeunesse et si Ernestine Chassebœuf veut se remettre aux majorettes, qu’à cela ne tienne. Mais de là à ce qu’ils organisent des concours de Mamie T-shirt mouillé…

Écrit par Thomas Richou.

notes & sources

1 Dean Simpson, « The Villages of Florida », in Volume #27 : Aging, Archis, Amsterdam, 2011, p.126.

2 Ibid., p.127.

3 Jean Baudrillard, Simulacres et Simulation, Galilée, Paris, 1981, p. 25.

4 Ibid.

5 Ibid., p. 25-26.

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